Toutes mes publications sont en libre accès. C’est important pour moi afin qu’elles puissent être lues par un maximum de personnes. Si mon travail quotidien vous intéresse, vous pouvez m’offrir un “café” et/ou devenir contributeur régulier en cliquant sur le bouton ci-dessous. Un grand merci à celles et ceux qui le feront!
Voilà, c’est fait: Joe Biden a annoncé ce dimanche 21 juillet renoncer à sa candidature à l’élection présidentielle et soutenir Kamala Harris pour sa succession. La pression a eu raison de sa volonté de poursuivre l’aventure. Les argentiers du parti n’étaient plus de la partie, les appels à se retirer se multipliaient, les enquêtes d’opinion étaient mauvaises, les pontes de l’establishment laissaient entendre à la presse qu’ils n’y croyaient plus et la tempête médiatique ne faiblissait pas. Le débat raté face à Donald Trump a ainsi signé la fin des espoirs du président de rempiler pour un second mandat à 81 ans.
La campagne électorale connaît donc un bouleversement majeur et inédit. Un retrait si proche du scrutin n’est jamais arrivé dans l’histoire politique moderne des Etats-Unis, ce qui - à mon avis - doit nous inciter à ne pas trop s’attarder sur le passé pour analyser le présent et prédire l’avenir. D’autant que nous sommes au 21ème siècle. Les réseaux sociaux existent, l’information ne s’arrête jamais et tout peut arriver en l’espace de quelques jours voire de quelques heures. Pour preuve, en moins d’un mois et demi, nous avons vu un ancien président être condamné au pénal, un débat qui a changé le cours des évènements, une tentative d’assassinat et maintenant un retrait de l’un des candidats.
Kamala Harris va ainsi très certainement être désignée candidate du parti Démocrate lors de la convention début août grâce au soutien appuyé de celui qui l’a choisi il y a quatre ans pour être sa colistière. Peu importe ce qui sera dit, et notamment les fantasmes sur tel ou tel potentiel candidat, il n’y a aucune alternative à sa candidature alors qu’il y a urgence à relancer une campagne au point mort. Elle est la mieux placée, dans ce contexte, pour reprendre le flambeau. Et pour comprendre pourquoi, je vous invite à relire mon dernier article à ce sujet publié ici même vendredi. Vous entendrez aussi à coup sûr qu’elle ne peut pas gagner face à Donald Trump, n’y prêtez pas trop attention car les certitudes volent rapidement en éclats dans cette saison électorale hors du commun. Je reviendrai d’ailleurs sur ce point dans quelques jours.
Une fois l’essentiel dit, je veux prendre un moment pour partager avec vous quelques réflexions et explications.
J’estimais, jusqu’à fin juin, que le président était en mesure de lutter politiquement contre Trump jusqu’en novembre au moins. Sa vieillesse était visible tout comme ses moments de confusion mais il parvenait toujours à répondre présent dans les moments importants, comme lors de son dernier discours sur l’état de l’Union. A cela s’ajoutait l’absence de off dans la presse visant à alerter sur son état de santé suite à la publication du rapport du procureur Hur (dans lequel on pouvait lire que Biden est un vieux monsieur qui perd un peu la mémoire). Et ce n’était pas la campagne en continue de manipulation vidéo provenant de la sphère MAGA qui allait me convaincre de quoi que ce soit. J’étais simplement certain d’une chose: l’âge constituait son principal handicap avec l’inflation.
Mais le débat est arrivé et j’ai compris que rien ne serait plus comme avant. Joe Biden s’est retrouvé livré à lui-même sans assistance, sans prompteur et sans cadre. J’ai alors réalisé, comme beaucoup peut-être trop tardivement, qu’il n’était plus en mesure de mener cette campagne correctement. Les fuites dans les médias de personnes l’ayant côtoyé ont confirmé par la suite que le poids des années s’était en effet accentué, notamment au cours des derniers mois.
Mais cela n’importe plus finalement désormais, la page se tourne et la question de l’âge va peut-être se retourner contre les républicains.
Ce retrait de Joe Biden n’est cependant pas vraiment une bonne nouvelle pour les démocrates mais il était essentiel dans le contexte actuel. Changer de pilote alors que la course bat son plein n’est vraiment pas la meilleure manière d’aborder sereinement une élection mais si ce dernier n’est plus en mesure d’appuyer sur l’accélérateur et de lire les trajectoires correctement alors il vaut mieux ça qu’un entêtement. L’espoir chez les démocrates s’était envolé, il renait quelque peu depuis hier. Et comme chacun le sait, l’espoir fait vivre. Surtout, il est essentiel dans une campagne électorale, notamment pour bâtir une dynamique.
Bien que Joe Biden et son entourage auraient dû se rendre à l’évidence plus tôt pour éviter de se retrouver dans cette situation, la décision prise hier est courageuse. Reste qu’une victoire de Donald Trump en novembre, après une campagne démocrate en partie chaotique, pourrait entacher son bilan plus que honorable et réduire la portée de son action. Ce qui serait profondément injuste tant cette présidence démocrate est la plus réussie sur le plan législatif depuis celle de Lyndon Johnson.
Avant de rendre le clavier, je me dois aussi de vous faire une confidence : le retrait de Joe Biden, âgé de 81 ans et affaibli par les années qui passent, est un moment qui m’a ému. Probablement car il conclut une séquence politico-médiatique horrible humainement qui nous rappelle à quel point la politique est un monde sans pitié…
On se retrouve très vite pour un nouvel épisode de cette newsletter et si ce n’est pas encore fait n’hésitez pas à vous abonner gratuitement pour recevoir directement mon travail sur votre boite mail. Pensez ensuite à vérifier vos spams!
Merci de cet effort de partage et félicitations pour le billet du 19/07 !