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Il y a des tournants plus importants que d’autres dans une campagne électorale. Après un premier débat catastrophique, que j’ai débriefé pour vous ici même, Joe Biden est au cœur d’une tempête politique et médiatique de grande ampleur qui pourrait décider de son avenir. Sa très mauvaise prestation, sur la forme, a été unanimement soulignée par la presse américaine et les téléspectateurs, amenant à un niveau jamais vu jusqu’ici les doutes sur la viabilité de sa seconde candidature.
La panique s’est donc logiquement emparée de sa famille politique et de son électorat, comme si tout ce monde prenait conscience que la chute dans le précipice se rapprochait après une sortie de route qui restera dans les annales. Remplacer Biden pour tenter l’impossible? Commencer à accepter une défaite devenue inéluctable? Pleurer? Ne rien faire?
Le moral est à zéro dans la grande famille démocrate et les questions sans réponse s’accumulent.
Que faire à court terme?
Pour autant, déclarer forfait à une élection présidentielle américaine lorsque l’on appartient à l’un des deux grands partis et que l’adversaire a des velléités autoritaires n’est pas une option. Reprendre la main et relever la tête est par contre une obligation.
La première chose à faire pour cela est d’affronter la réalité sans pudeur: Joe Biden s’est crashé en direct et présente des signes de vieillesse qui l’handicape très sérieusement dans cette campagne. La seconde est de trancher rapidement et définitivement sur l’avenir du capitaine: continuer avec lui en s’adaptant ou repartir à zéro avec quelqu’un d’autre en tentant un coup de poker risqué. La dernière est de se servir de cet échec pour créer un électrochoc et relancer la campagne.
L’autocritique a très vite été faite par le président candidat. Dès le lendemain du débat, en meeting en Caroline du Nord, Joe Biden est remonté sur scène devant un parterre de militants démocrates acquis à sa cause en se montrant énergique, requinqué, fort en gueule et honnête: « Je sais que je ne suis pas un jeune homme. Je ne parle plus aussi facilement qu'avant, je ne débats plus aussi bien qu'avant, mais je sais dire la vérité. Je distingue le bien du mal. Et je sais comment faire avancer les choses. Quand tu tombes, tu te relèves! ».
Une intervention d’une vingtaine de minutes, accompagnée de prompteurs comme c’est la norme pour ce type de discours, qui tranche avec la piètre prestation de la vieille et que je vous conseille de regarder.
Mais alors que les appels au retrait se sont multipliés dans les médias, difficile d’imaginer que cela soit suffisant pour redresser la barre. Pour autant, Joe Biden semble encore avoir la main sur ses troupes. Le très médiatique gouverneur de Californie Gavin Newsom, a qui l’on prête des ambitions nationales, lui a très vite réaffirmé son soutien tout comme Kamala Harris sa vice-présidente ou encore la sénatrice du Massachusetts proche de la gauche du parti Elizabeth Warren. Mais c’est l’ancien président Barack Obama, le démocrate le plus influent, qui est venu clore le débat (au moins temporairement) en replaçant l’église au centre du village.
Un challenge difficile mais pas impossible
En admettant que cela soit suffisant pour garder Amtrack Joe sur les rails jusqu’au jour J et préserver l’unité démocrate derrière lui, le plus dur reste à faire: relancer la campagne ou plutôt en lancer une nouvelle. Car si le terrain semble bien occupé par les équipes démocrates, c’est à la Maison Blanche qu’il y a un problème à régler. Le président va donc devoir revoir de fond en comble sa tactique et trouver de nouvelles ressources pour revenir sur le devant de la scène, tout en évitant un nouveau faux pas bien évidemment. Il faudra probablement aussi revoir le storytelling (assumer pleinement le côté “papy Joe”?) et lâcher la bride (si cela est encore possible à 81 ans).
Une montagne se dresse désormais devant le locataire de la Maison Blanche et son parti. Les prochains jours ou prochaines semaines seront déterminants et personne ne peut aujourd’hui assurer connaître la suite de l’histoire. Si Joe Biden reste pour l’heure le candidat démocrate le mieux placé pour affronter Donald Trump et est toujours perçu comme plus honnête selon un nouveau sondage post-débat de l’institut Data for Progress, son âge préoccupe plus l’électorat américain que les ennuis judiciaires de son rival et ce dernier détient aussi un avantage non négligeable au sujet de "l'aptitude à diriger le pays".
L’entourage proche du président, entendre sa famille, semble cependant l’inciter à ne pas abandonner malgré l’intense pression médiatique et des enquêtes d’opinion ne laissant guère de place à l’optimisme. Tout comme Allan Lichtman, célèbre pour son modèle électoral prédictif à succès « les 13 clés de la Maison Blanche », qui, bien qu’il n’a pas encore publié sa prédiction finale, estime qu’un retrait de Joe Biden serait une grave erreur pour le Parti Démocrate . Une parole qui pourrait peser lourd car celui qui est surnommé le “Nostradamus de Washington” a prédit correctement l’issue de neuf des dix dernières élections présidentielles (un échec: Al Gore en 2000).
Vous l’aurez compris, la situation s’est un peu plus complexifiée rendant cette campagne électorale un peu plus hors norme. Il va donc falloir redoubler d’attention pour tenter de l’analyser au mieux.
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