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Alors que le duel entre l’ancien président Donald Trump et l’actuelle vice-présidente Kamala Harris est désormais lancé depuis près de deux semaines, les premiers éléments d’analyses des dynamiques en cours commencent à pointer le bout de leur nez. S’ils ne sont pas encore totalement consolidés, leur exploitation commence à devenir possible en gardant, comme c’est la coutume à chaque saison électorale, le recul nécessaire.
Une certitude au moins tend cependant à émerger aujourd’hui: alors que la campagne électorale démocrate s’annonçait assez désastreuse, le retrait de Joe Biden a rebattu les cartes.
Un électorat démocrate plus enthousiaste
Il s’agit probablement de l’élément qui marque le plus les observateurs et se matérialise d’une manière évidente dans les enquêtes d’opinion depuis la mise en avant de Kamala Harris. Depuis le 21 juillet, le camp démocrate semble en effet sortir la tête de l’eau et se recharger en oxygène après plusieurs mois compliqués en apnée. Tandis que Joe Biden - abîmé par un mandat plutôt réussi mais difficile et handicapé par son état de forme - ne parvenait pas à remobiliser ses troupes, sa vice-présidente a d’ores et déjà stoppé l’hémorragie. En effet, les dons pour sa campagne ont explosé (81 millions en 24h et 200 millions en une semaine) tout comme le nombre de volontaires engagés sur le terrain pour défendre sa candidature (170 000 nouvelles têtes) ainsi que l’engagement en sa faveur sur les réseaux sociaux (très prisés par les jeunes Américains).
Mais ce n’est pas tout puisque sa cote de popularité a fait un bond en avant en passant de -14,6 points (37,8% vs 52,4%) le jour du retrait du président à -8,5 points aujourd’hui (41,3% vs 49,9%) selon l’agrégateur 538. Les prochaines semaines s’annoncent aussi favorables pour la candidate démocrate et pourraient bien maintenir ce momentum. Les médias vont en effet avoir les yeux rivés sur elle avec la désignation à venir de son colistier pour la vice-présidence puis la convention nationale démocrate. De quoi saturer l’espace politique au détriment de son concurrent.
Et pour se convaincre de cette dynamique en cours, il n’y a qu’à observer la ferveur d’une salle pleine à craquer lors de son arrivée pour son premier meeting de campagne en tant que candidate à Atlanta en Géorgie, un état clé. De telles images n’avaient pas été observées depuis un (très) long moment du côté des démocrates…
Une dynamique temporairement rompue pour Donald Trump
Sondages après sondages, l’ancien président - pourtant aux prises avec la justice - faisait la course en tête face à Joe Biden et rien ne semblait pouvoir réellement l’arrêter au point que la carte électorale lui devenait de plus en plus favorable. Un phénomène qui s’est même amplifié fortement au cours des premières semaines de juillet après la prestation ratée de son adversaire lors du premier débat télévisé de cette campagne et la tentative d’assassinat l’ayant visé. Mais cette dynamique s’est enrayée quand Joe Biden a finalement renoncé à se représenter.
Donald Trump n’est pas seulement devenu le plus vieux candidat, il s’est aussi retrouvé pris de court par l’unification rapide et sans accroc du parti Démocrate autour de Kamala Harris. Dans les médias, les problèmes démocrates ont alors laissé place à la couverture de cette nouvelle lune de miel tandis que les excès de l’ancien président, sa proximité avec les têtes pensantes de l’agenda politique réactionnaire Project 2025, ou encore son incapacité à faire preuve de modération, ont de nouveau fait l’objet de discussions.
A cela s’ajoute aussi la tempête médiatique visant son impopulaire colistier, le sénateur de l’Ohio JD Vance, dont les très nombreux propos réactionnaires sur les femmes (pas que) sont en train de monopoliser l’attention et être la cible d’un tir groupé du camp démocrate. A tel point que la possibilité de le remplacer aurait déjà été discutée dans l’entourage du candidat républicain.
En bref, le vent d’incertitude qui frappait les démocrates pourrait bien avoir changé de direction et de cible.
Un tableau général plus nuancé mais…
A première vue, les dynamiques des deux camps suivent actuellement des trajectoires opposées. Cependant, Donald Trump reste encore aujourd’hui solidement installé et fait toujours la course en tête. Premièrement car il conserve une cote de popularité stable auprès de l’électorat (-8,7 points chez 538, à égalité avec Kamala Harris), deuxièmement car il reste encore pour l’heure en tête des moyennes des sondages bien qu’il perde peu à peu du terrain (+1,9 points chez RCP contre +3,1 points avant le retrait de Joe Biden / +0,9 points chez VoteHub). Un temps d’attente supplémentaire sera cependant nécessaire pour avoir une vue sur les mouvements en cours dans les états clés mais les premières données semblent elles aussi tendre vers un rapprochement des deux candidats.
La progression démocrate est donc bien visible mais n’est pas encore suffisamment importante et consolidée pour installer Kamala Harris dans le siège de favorite. Si cela est normal puisque sa campagne débute à peine, la mesure dans l’analyse reste essentielle. Avec seulement trois mois de campagne électorale, la vice-présidente a du pain sur la planche et ne pourra pas se permettre d’écarts si elle souhaite sortir victorieuse des urnes le 5 novembre prochain. Mais elle peut déjà se satisfaire de son entrée. Quant à Donald Trump, il va devoir trouver une solution pour résister à l’ascension de cette dernière s’il ne veut pas se retrouver distancer dans les prochaines semaines.
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